~ La Religion ~

~  La Religion  ~

13 - Les indulgences -

Dans l'Église catholique romaine, selon le point 471 de la constitution apostolique indulgentiarum doctrina du pape Paul VI inséré au titre IV, chapitre IV, du code de droit canonique, canon 992, l'indulgence {du latin indulgere = accorder} est définie comme "la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l'action de l'Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints". La majeure partie des indulgences est présentée dans l'Enchiridion des indulgences publié par la Pénitencerie apostolique.

Cette notion juridique se caractérise par :

son effet : remise des peines temporelles restant à satisfaire pour des péchés remis ;

sa forme : un acte de piété, de charité, de dévotion, etc., qui est substitué désormais aux extrêmes rigueurs pénitentielles exigées dans les premiers temps de l'Église ;

sa nature : l'Église se considérant gestionnaire en quelque manière du dépôt des mérites acquis par les saints et dispensatrice de la satisfaction du Christ.

Sa pratique, héritée du droit romain, remonte au III° siècle, le but étant alors de réintégrer dans le giron de l'Église les chrétiens ayant apostasié pendant les persécutions. La notion évolue ensuite au XII° siècle, une distinction étant établie entre l'absolution, réservée à Dieu, & l'indulgence, qui permet la réconciliation avec l'Église. L'indulgence est obtenue en contrepartie d'un acte de piété (pèlerinage, prière, mortification) effectué à cette fin dans un esprit de repentir. Elle s'adresse à ceux qui sont vere penitentibus et confessis, selon la formule en usage à partir du XII° siècle.

Dès cette époque, on enregistre les premiers abus, principalement la simonie {de Simon le Magicien de l'Acte des Apôtres = dérive, dévoiement des charges spirituelles ou des missions ecclésiastiques, à des fins personnelles}. Les conciles des X° & XI° siècles s'efforçant d'en encadrer l'attribution, l'indulgence devient à cette période une arme pontificale, l'indulgence plénière apparaissant au milieu du XI° siècle afin d'encourager la croisade en Espagne, i.e. la Reconquista. Au Moyen Âge, les "cours de l'indulgence" ne cessent de baisser.

Les immenses sommes ainsi récoltées financent des édifices religieux ou permettent à certains prélats de mener grand train (la Tour de beurre de la cathédrale Notre-Dame de Rouen doit son surnom à la vente des dérogations accordées pour consommer des matières grasses pendant le carême).

Avec le développement de l'imprimerie, la production des indulgences atteint des tirages massifs, la seule abbaye de Montserrat en faisant imprimer 200 000 entre 1498 &1500.

Les indulgences sont dénoncées d'abord par John Wyclif {théologien anglais, précurseur de la Réforme anglaise (1320-1384)} & Jan Hus {théologien, universitaire & réformateur religieux tchèque, devenu un héros national tchèque & le symbole de l'oppression catholique, impériale & allemande (1369-1415)}, qui remettent en cause les abus. Peu à peu, la pratique des indulgences est perçue comme une forme de corruption, Martin Luther en attaquant le principe même dans ses 95 thèses de Vittenberg. Calvin exprime également son exécration pour les indulgences "achat du Paradis".

La querelle des Indulgences est ainsi l'une des causes du schisme entre catholiques & protestants.

La doctrine des indulgences, rappelée par le concile Vatican II puis la constitution apostolique indulgentiarum doctrina du pape Paul VI, perdure jusqu'à nos jours. Après avoir été encadrée par la Congrégation des indulgences créée par Clément VIII (1592–1605), intégrée à la Curie romaine par Clément IX en 1669, elle est relève depuis 1917 de la compétence de la Pénitencerie apostolique.





30/08/2017