14 - Chanoines honoraires au Latran -
La basilique Saint-Jean-de-Latran (San Giovanni in Laterano), l'une des 4 basiliques majeures de Rome, est édifiée sur le mont Latran qui doit son nom à la demeure d'une grande famille de patriciens {du latin patricius, dérivé de pater, père, qui définit durant la période romaine un citoyen qui appartient par sa naissance à la classe supérieure ancienne et traditionnelle et détient du fait de son rang diverses prérogatives politiques et religieuses} ; son titre exact est "Basilique du Très-Saint-Sauveur et des saints Jean Baptiste et Jean l'Évangéliste au Latran.
En 1482, le roi de France Louis XI accorde des droits au chapitre du Latran sur l'abbaye de Clairac en Aquitaine (47) ; cependant, l'essor du protestantisme dans la région empêche le chapitre de percevoir ces revenus. Le 22 septembre 1604, Henri IV roi de France depuis le 27 février 1594, confirme le chapitre dans ses droits et fait en sorte qu'il soit en mesure de percevoir les revenus de l'abbaye qui lui sont dus. En contrepartie, le chapitre fait ériger une statue à l'effigie du roi dans la basilique, réalisée par Nicolas Cordier (1567-1612) sculpteur lorrain actif en Italie, et attribue au roi de France le titre de "premier et unique chanoine honoraire" du chapitre de la basilique ; par ailleurs, il fait célébrer annuellement une messe pour la prospérité de la France le 13 décembre, jour anniversaire de la naissance d'Henri.
En 1729, Louis XV augmente les revenus du chapitre par la perception supplémentaire de droits sur 2 prieurés dépendant de l’abbaye de Clairac. Si la Révolution française supprime ces droits en 1791, Louis XVIII, Charles X & Napoléon III les restaurent sous forme d'une rente, définitivement abolie en 1871.
Toutefois, aujourd'hui encore :
- le chapitre du Latran nomme l’un de ses membres "abbé de Clairac",
- le président de la République française, comme successeur des rois de France, est chanoine honoraire de la basilique ; c'est l’ambassadeur de France près le Saint-Siège qui le représente et y reçoit "les honneurs liturgiques".
Ce titre de chanoine est donc le legs d’un passé où il fallait être catholique pour pouvoir gouverner la France, où la France était un royaume catholique, et le catholicisme la religion nationale.